LES LECTURES DE L’ENTRAIDE
2023/2024
Aristote, Éthique à Nicomaque (349 environ av J-C)
Présentation
« Tout art et toute investigation, et pareillement toute action et tout choix tendent vers quelque bien, à ce qu’il semble. Aussi a-t-on déclaré avec raison que le Bien est ce à quoi toutes choses tendent.
Mais on observe, en fait, une certaine différence entre les fins : les unes consistent dans des activités, et les autres dans certaines œuvres, distinctes des activités elles-mêmes. Et là où existent certaines fins distinctes des actions, dans ces cas-là, les œuvres sont par nature supérieures aux activités qui les produisent. […].
Si donc il y a, de nos activités, quelque fin que nous souhaitons par elle-même, […] il est clair que cette fin-là ne saurait être que le bien, le Souverain Bien. ».
L’Auteur
Originaire de Stagire, de 46 ans plus jeune que Platon, Aristote vint à Athènes à l’âge de 17 ans et séjourna vingt ans dans l’entourage de Platon, ayant ainsi l’occasion d’acquérir une grande connaissance de la philosophie du maître (Source : Vrin).
Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux (1977)
S’abîmer Absence Adorable Affirmation Altération Angoisse Annulation Ascèse Atopos Attente Cacher Casés Catastrophe Circonscrire Cœur Comblement Compassion Comprendre Conduite Connivence Contacts Contingences Corps Déclaration Dédicace Démons Dépendance Dépense Déréalité Drame Ecorché Ecrire Errance Etreinte Exil Fâcheux Fading Fautes Fête Fou Gêne Gradiva Habit Identification Image Inconnaissable Induction Informateur Insupportable Issues Jalousie Je-t-aime Langueur Lettre Loquèle Magie Monstrueux Mutisme Nuages Nuit Objets Obscène Pleurer Potin Pourquoi Ravissement Regretté Rencontre Retentissement Réveil Scène Seul Signes Souvenir Suicide Tel Tendresse Union Vérité Vouloir-saisir (source : Babelio)
Cynthia Fleury, Ci-gît l’amer (2020)
La philosophie politique et la psychanalyse ont en partage un problème essentiel à la vie des hommes et des sociétés, ce mécontentement sourd qui gangrène leur existence.
Certes, l’objet de l’analyse reste la quête des origines, la compréhension de l’être intime, de ses manquements, de ses troubles et de ses désirs. Seulement il existe ce moment où savoir ne suffit pas à guérir, à calmer, à apaiser. Pour cela, il faut dépasser la peine, la colère, le deuil, le renoncement et, de façon plus exemplaire, le ressentiment, cette amertume qui peut avoir notre peau alors même que nous pourrions découvrir son goût subtil et libérateur.
L’aventure démocratique propose elle aussi la confrontation avec la rumination victimaire. La question du bon gouvernement peut s’effacer devant celle-ci : que faire, à quelque niveau que ce soit, institutionnel ou non, pour que cette entité démocratique sache endiguer la pulsion ressentimiste, la seule à pouvoir menacer sa durabilité ? Nous voilà, individus et État de droit, devant un même défi : diagnostiquer le ressentiment, sa force sombre, et résister à la tentation d’en faire le moteur des histoires individuelles et collectives. (source : Babelio)
Philippe Gimbert, Un secret (2004)
Souvent les enfants s’inventent une famille, une autre origine, d’autres parents.
Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu’il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas… Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c’est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu’il lui incombe de reconstituer.
Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l’Holocauste, et des millions de disparus sur qui s’est abattue une chape de silence (source : Babelio).
Kazuo Ishiguro, Klara et le soleil (2021)
Délicatesse et subtilité sont les deux mots qui me viennent à l’esprit pour qualifier ce livre étonnant. Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature 2017, a osé un pas de côté, en nous offrant cette histoire matinée de science-fiction qui, sous des abords assez simples, nous interroge sur notre humanité, notre part unique et insaisissable. Le tour de force est de donner la parole à un robot dont nous suivons les pensées, les raisonnements, l’évolution, la vision. L’écriture, voix d’une intelligence artificielle, se veut logiquement particulière, simple, sobre et évolutive (source : Babelio).
Harold Searles, L’environnement non humain (1960)
L’importance d’une relation intime avec l’environnement, qu’il soit naturel ou artificiel, s’est imposée à Searles au cours de son analyse : J’ai compris que les moments où s’éprouve une parenté profonde avec l’élément non humain comptent parmi ceux où l’on boit aux sources mêmes du sens de la vie. « Toute son expérience clinique l’a confirmé dans l’idée que » plus un sujet est malade, plus étroite est son idée de ce qu’est un être humain et plus fragile, donc, son sentiment d’en être un ».
Sensible, lui aussi, à l’écologie, Didier Anzieu confie à Gilbert Tarrab : « Tout se passe comme si l’humanité, au moment même où elle arrive au sommet de sa puissance technique, se trouvait menacée par sa propre pulsion d’autodestruction. » Reste que la psychanalyse, en créant au début du siècle un espace où le patient se sent écouté sans être adulé ni méprisé, susceptible de trouver un équilibre naturel et non plus forcé ou faussé, a peut-être apporté sa contribution à une « micro-écologie » et permis, à sa manière, de lutter contre le « malaise dans la civilisation » (source : « Harold Searles psychanalyste écologiste » Le Monde, archive du 15 août 1986 par Roland Jaccard, https://www.lemonde.fr/archives/article/1986/08/15/harold-searles-psychanalyste-ecologiste_2919531_1819218.html)
Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie (2011)
Assez tôt, j’ai compris que je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j’ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité. Je crois y être parvenu. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l’existence. Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu (Source : folio).
Voltaire, Candide ou L’optimisme (1759)
Le XVIIIe siècle n’est pas seulement le siècle de la philosophie. C’est aussi, et peut-être avant tout, le siècle du voyage et de l’exotisme, une période d’affirmation de soi où l’Orient permet d’accéder à l’essence humaine. Somme des expériences de Voltaire en 1759, Candide est l’expression mythique d’un itinéraire personnel. L’intrigue prend la forme du voyage dans un monde de souffrances, de préjugés et de guerres, ou du roman d’aventures dont le livre est aussi la parodie. Les chapitres brefs qui le composent sont autant d’étapes dans l’apprentissage du jeune et naïf Candide. À la recherche de sa compagne, il trouvera son jardin, modeste réplique du Paradis perdu, comme le rire est le reflet du tragique (source : Babelio)